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arrondie ? Là n’était pas la question, et le rapport est assez lointain, on en conviendra. Tout ce qui est arrondi serait donc une poche ? Il eût fallu chercher dans les aïeux du langage vulgaire, c’est-à-dire dans les idiomes rustiques, une origine beaucoup plus simple et plus naturelle. Puiser en patois vosgien se dit puhi, et une poche dont l’objet est de puiser, peuche (Gérardmer), pôche et pouche dans d’autre cantons. L’histoire du mot est là en toutes lettres et n’a plus besoin de commentaires. Le picard a aussi le verbe pucher et le nom pucheux dans les mêmes sens. Le raffineur de sucre emploie ces deux mêmes mots pour dire qu’il puise le sucre avec une poche ; le tourbier se sert d’une puchette dans son travail, et on peut voir dans les salines ce qu’est un puchoir. Quoi de plus ?

Les exemples sont innombrables qui démontreraient jusqu’à satiété que l’étude des sons, comme nous l’avons présentée, mais agrandie encore et généralisée conduirait à une connaissance plus exacte de l’origine des mots français et dégagerait de l’obscurité relative des patois quelque lumière nouvelle sur les idiomes qui ont précédé les couches latines.

L’étude de la grammaire instinctive du patois nous mènerait encore assez loin ; nous plongerions avec elle dans des origines antiques ; mais nous avons dit que nous écarterions ce sujet de nos articles déjà trop longs. Cependant nous ne pouvons ne pas faire remarquer un fait qui n’a encore été signalé par personne, croyons-nous,