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dans boudion. La porte prenait son nom soit d’un acte de trahison dont elle aurait été témoin et victime peut-être dans l’une des nombreuses attaques qu’Épinal eut à soutenir, soit d’une antique horloge qui en faisait en dernier lieu le seul ornement, mais trompait toujours sur l’heure, malgré les efforts d’un bon vieux horloger, alsacien ou allemand, ce pauvre père Weis, qui nous amusait beaucoup dans notre enfance (cet âge est sans pitié) par son langage, sa tournure et son costume. Cette interprétation se trouve confirmée par le patois de Bruyères qui nomme bôde un mensonge et bôdou un menteur.

D’où vient édiotna ou édiotni, affriander ? Si nos tableaux ne nous avaient montré comment diot est formé de glout, friand, gourmand, nous aurions vainement cherché des analogues et une étymologie dans les patois congénères ou dans les langues anciennes.

C’est l’étude de notre ch qui nous a mis sur la trace véritable d’une étymologie assez intéressante ; elle a échappé à la sagacité de Génin qui est souvent un maître en ce genre de recherches. Je veux parler du mot poche ou pochon (grosse cueiller), usité presque partout et que l’Académie n’a pas encore admis à sa table. Génin, auquel il n’a manqué que la connaissance des patois ou moins de mépris pour eux, s’évertue avec son esprit éblouissant et son érudition surabondante, à faire sortir ce mot de la poche de nos vêtements. Quoi de plus semblable au pochon, dit-il, que la poche bien