Page:Jouve - Coup d'œil sur les patois vosgiens, 1864.pdf/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 57 —

l’é initial du français est aussi un h en patois : épaule, hpaule[1] ; écouler, hcouta (auscultare) ; ételles, htelles.

La plupart des mots qui précèdent, ceux dont l’h est suivie d’une consonne, se prononcent aussi en admettant un e devant l’h ; ehgotta, ehboula, ehpéni, ehtelle. C’est ainsi que quelques populations du midi prononcent espectacle, esquelette, quand nous disons spectacle, squelette.

7o Enfin h s’ajoute au commencement des mots pour agrandir l’idée, pour marquer un effort : pouffer, hpiffer ; éclat de rire, hpiffesse ; pétiller, hpéta ; vanter, prôner, htronfa (de triompher) ; tordre, htôde ; laver, hauva (de l’ancien français auve, eau) ; hauverasse, lavandière.

H médiale. La permutation de s avec h est un fait qui se voit dans beaucoup de langues et sur lequel il n’est pas nécessaire d’insister. Des exemples seuls achèveront de faire connaître le caractère de cette aspiration.

1o Il est naturel de retrouver h au milieu des mots composés dont la racine commence par s : asseoir, éhére ; descendre, déhande, etc.

2o Il s’emploie à la place de s au milieu des mots non composés : plaisir, piahi ; maison, mâhon et môhon ; dixième, déhième ; connaître, kènohe (lat. cognoscere ; allem. kennen ; angl. know).

  1. L’h s’explique ici par la présence de l’s dans l’ancien langage : tourner les espaules (1040). L’Espagnol dit espaldas.