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dreumi, etc. Nous avons déjà dit que le déplacement de cette articulation se rencontre originairement dans la langue celtique.

Quelquefois, particulièrement dans les articulations dre, c’est la consonne précédant r qui est retranchée : apprendre, aipanre ; pondre, ponre ; poudre, poure ; tendre, tanre, etc.

Ici nous prions le lecteur de se rappeler qu’en comparant ainsi le patois au français, nous ne faisons pas venir l’un de l’autre. Le génie des deux langues (qu’on nous permette un moment cette expression peu orthodoxe), est tout-à-fait différent. Le français en faisant poudre du radical pulver, supprime tout ce qui est entre la syllabe accentuée pul et r, et par une sorte d’attraction naturelle remplace la liquide l par un d. Le patois au contraire ne conserve rien entre la voyelle accentuée et la consonne finale ; il admet avec peine une articulation double au milieu d’un mot. Il en est de même dans molere, moudre, môre, mots que nous avons déjà cités. Le point de départ est tout autre, on le voit, et il ne faudra pas se méprendre sur les comparaisons que nous faisons.

bl, pl, fl.

Dans ces trois articulations, l disparaît on permute avec i à la façon italienne. Quelquefois dans bl, la liquide seule reste, ou les deux consonnes sont représentées par tout autre chose.