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ER représenté par eur, or, ar, a, ia, , oua, oué : enfermer, eiferma ; cerfeuil, çorfeu ; déserteur, désartou ; perdu, padiu (poédi à Gérardmer) ; cerf, ciâ ; perte, piâte ; terre, tiarre ; merle, miéle[1] (Ban-de-la-Roche) ; verge, vouage ; verre, vouére. Les Espagnols disent semblablement :tierra, terre ; cierto, certe ; suero, serum, petit-lait.

IER : Vierge, virge et vîge.

Souvent l’aspiration que contient r est représentée par h : mur, muhe ; germer, jauhna.

Consonnes doubles.

Dans l’articulation de deux consonnes dont la seconde est originairement une liquide l ou r, le patois s’exprime d’une façon très remarquable.

  1. À propos de ce mot, nous ne pouvons nous empêcher d’exprimer de nouveau un doute qui nous poursuit en mille occasions. La ressemblance de mièle avec merula (latin) ou merle et l’effacement de l’r à la fin de la première syllabe ne nous convainquent point ici de la solidité de l’étymologie latine. Car nous trouvons dans les langues celtiques du Cornouailles, de notre Bretagne et du pays de Galles le nom de l’oiseau sous les formes moelh, moualch, mwyalc’h, qui, on en conviendra, se rapprochent beaucoup plus de notre patois que du latin. Nous sommes loin de nous refuser à l’évidence de l’étymologie latine pour la plus grande partie des mots français ; mais il y a un excès dangereux à n’y voir