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IX

Au premier coup-d’œil, on serait porté à croire que le patois vosgien a pris le contre-pied de la prononciation française. Il n’a presque pas de voyelles qui conservent les sons de notre langue ; les a, deviennent des é, des o, les u, des i, et réciproquement. Il paraît s’être donné la tâche de ne vouloir ressembler en rien à la langue nationale. Mais qu’on ne se laisse pas tromper à l’apparence ; c’est presque toujours le français qui, pour quitter la roture et s’ennoblir, a renié son origine, et s’est donné un ton de citadin, de courtisan, de poète. Nous ne l’en blâmons pas, puisqu’il a si bien réussi ; mais nous voulons redire une fois de plus qu’il est souvent moins près de son origine que le patois lui-même, excepté dans les termes modernes que depuis la renaissance le besoin, aidé de la science, y a dû introduire. Si le patois dit gémé au lieu de jumeau, gigier pour gésier, il se rapproche davantage de gemellus et de gigerium ; et ce n’est pas assurément par caprice ou par hasard.

Toutefois nous ne faisons pas une règle absolue de cette proposition ; les tableaux suivants viendraient souvent nous contredire. L’ignorance et l’indifférence ont contribué sans doute à la gros-