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autant de variétés dialectiques que de cantons. Il est vrai que les nuances portent plus sur la manière de prononcer les mots que sur le fonds même du langage. Cependant il est plus uniforme dans la partie qu’on appelle la plaine, à l’ouest ; mais dans l’est, au milieu des montagnes et des vallées étroites qu’elles enferment et où l’élément germanique prévaut, les variétés sont très sensibles ; les sources étymologiques sont moins identiques et la prononciation des mêmes mots présente des différences capitales.

Deux coins de la montagne se distinguent surtout parmi tant de diversités. À Gérardmer, l’âpreté du dialecte a un caractère singulier qui le rend incompréhensible au dehors du canton. Au Ban-de-la-Roche, où les h fortement aspirées se font retentir avec la même vigueur, il y a de plus une articulation qu’on ne trouve pas dans le reste de la Lorraine. Ce sont les dj, dg, dch, tch, qui s’emploient partout où la langue française met un j ou un g doux, et souvent aussi à la place du ch. Ce caractère est des plus remarquables, perdu qu’il est au lieu de cantons auxquels il est inconnu. On le trouve cependant au sud-est du département, un peu modifié, au Thillot, et par là il se rattache à quelques dialectes suisses ou jurassiens qui l’emploient. On en verra des exemples plus loin. Au sud, sur le versant de la Saône, le patois prend des teintes du franc-comtois. À l’ouest, où les origines sont plus franchement latines, le langage n’a pas la rudesse de celui de la montagne. Au