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guère, est devenu dans notre langue rustique une aumonde, une amonde, comme si le premier qui le répéta avait voulu exprimer, par un mot sans doute mal saisi par l’oreille et sans signification d’ailleurs par lui-même, toute la formule de la charité (donner au monde.)

Dans la transformation des mots dont il subit l’invasion, il y met parfois de la malice, comme tout-à-l’heure nous l’y avons vu mettre un grand sentiment. Nous avons entendu dire comme en Picardie, le persécuteux pour le percepteur.

S’il s’avise de vouloir parler français, il donne lieu a des mésentendus, à des méprises, à des confusions singulières. Oberlin en relève quelques-unes : inviter les frais pour éviter ; allumer quelqu’un pour éclairer ; notre infection pour affection ; corrompre[1] pour convaincre. Un mot qui serait charmant aujourdhui, c’est brutalité pour pluralité. « Il a été élu à la brutalité des voix. » La citation est d’Oberlin.

VIII

On sait que le patois vosgien n’est pas le même dans tout le département. Il se distingue en

  1. Ainsi on disait autrefois, on dit peut-être encore au Ban-de-la-Roche : les ministres ont corrompu les députés.