Page:Jouve - Coup d'œil sur les patois vosgiens, 1864.pdf/114

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 110 —

cune expression équivalente. » Ce but était sans doute louable en lui-même, mais sûrement il n’a pas été atteint. Les gens de la campagne n’apprendront jamais le français au moyen d’un dictionnaire qu’il leur faudrait feuilleter à chaque instant et qui surtout ne contiendrait pas ceux des termes de leur idiome rustique dont ils se servent habituellement[1]. Quant à l’objet qui nous occupe ici, nous regrettons vivement cette lacune ; M. Pétin n’avait qu’un pas de plus à faire pour faire un ouvrage réellement utile. Quelque défectueux qu’il soit sous ce rapport, il n’en est pas moins jusqu’à présent le dictionnaire le plus complet de notre patois, et nous ne pouvons nier les services qu’il nous a rendus à nous-même.

5o  Les pièces et les fragments que nous avons annoncés sont peu nombreux. Il faut mettre en première ligne une trentaine de vers d’une épître en patois de Gérardmer, adressée en 1809 à l’impératrice Joséphine par le curé de cette commune, M. Pottier, dont nous avons déjà parlé[2]. Fautifs et sans traduction, ils devien-

  1. C’est aussi une erreur de supposer que le campagnard substituera à ses expressions quotidiennes des mots que la plupart des gens de la ville ne connaissent même pas. Lui apprendra-t-on jamais, par exemple, à dire cérumen, otalgie, bretauder, auricale, monaut que nous trouvons au mot araïe, oreille.
  2. L’œuvre entière, qui est si curieuse comme expression de mœurs et comme langage, ne périra