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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

tions et des intérêts de sourds-muets. On a grand tort de les hypnotiser ainsi sur leur infirmité. Les journaux féministes me rappellent infailliblement ces journaux de sourds-muets. Combien, à l’heure actuelle, une femme qui serait un économiste distingué, écrivant dans les revues d’économistes, ferait plus pour les femmes, et pour la paix, que tous les becs ouverts de revendications. Ce que vous ne pouvez faire, ô femmes, avec une majorité de femmes, faites-le en tant qu’être agissant, en oubliant un moment votre sexe, avec une majorité masculine. Et je crois que le vote viendrait bien plus vite de cette manière-là.

À Mme D… — Rom. Rolland absurde, une homélie banale, tous les lieux communs, n’aperçoit pas que le plus tragique de cette guerre est que, précisément, ce n’est pas une folie collective. Où est la folie chez tous ces pauvres gens héroïques qui donnent leur vie par devoir ? Vieille tare de l’antimilitarisme. Ce n’est pas plus dans les peuples que dans l’armée que nous devons combattre la guerre, c’est chez tous les non-combattants : Écrivains, diplomates, gouvernants, financiers.

C’est vrai, il y a d’effroyables deuils en France, mais devant tout ce qui nous est pris, savez-vous ce que je pense, ô mes frères et mes sœurs ? Ceci ;