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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

Ce sont les précis Pascal et Barrès qui sont simples, et les prolixes Montaigne et Bourget qui ne le sont pas, mais le peuple, qui n’est pas simple, entend peser les lois de la simplicité.


5 juin 1911.

Écrire pour pleurer et pour sangloter à quoi bon ? Rien n’est plus mauvais et qu’est-ce que cela m’apprendrait ? C’est mon état normal. On ne pleure que devant quelqu’un, mais avoir en dedans, toujours, le frisson des larmes…

Jamais un de mes confrères n’a été si absent de sa vie d’écrivain, si étranger, si fermé à ses joies, à ses attentes. Que me fait un moment après lequel je retomberai ? Ce qui importe, c’est le quotidien, le continu, ne pas s’ennuyer à table, ne pas sortir seule pendant 15 ans, avoir des amis autour de soi, dans une maison à soi, pouvoir rire et causer à toute heure du jour avec des gens de même culture, dont les regards vous répondent, la maison gaie, intime, intelligente, notre maison de Brest autrefois.


Paris, 4 novembre 1911.

Je passe mes journées chez les fournisseurs et dans les magasins et, bien que j’aime les jolies choses