Page:Journal de Marie Lenéru.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.
XXVII
PRÉFACE

demande ce que je pourrait faire pour le remercier il m’a déjà fait retrouver : une image à évangile, un cahier sur le quel j’avais copié des vers, un cahier improvisé avec des vers aussi, la bague que Gabrielle B… m’a donnée, ce livre, enfin je ne sais combien d’autres choses ; c’est très triste à dire, mais j’ai tellement de désordre, qu’il ne se passe pas un jour sans que je perde quelque chose, je me demande comment je ferais si St-Antoine de Padoue n’existait pas. »

« Je sens que mon journal me fait beaucoup de bien, il aide à se connaître, ce qui est difficile, puis c’est très agréable, il vous semble qu’on cause avec son âme, puis quel bonheur de se rappeler toute sa vie ses moindres sentiments, de se rappeler soi, enfin, puis je vais entrer dans les plus belles années de ma vie, quand même celles de la jeunesse, mais d’une jeunesse qui sait jouir des réunions de la famille, de ces bons moments qui parfument toute une vie (je ne crois pas que ce soit poseur de dire cela, puisque personne ne le verra, excepté maman). »

Voici un passage qui nous apprend combien étaient pendables les tours que jouait à Marie son imagination :

« … J’ai perdue ma journée en mentant oh mais en mentant bien fort, (bien sûr, Fernande, que de mettre cela dans mon journal sachant que tu le liras, suffira à ma pénitence) eh ! bien donc, j’ai dit que j’ai monté à