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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

l’espace, c’est l’échancrure, c’est l’intervalle qui nous émeut. Elles seules nous apprennent des horizons nouveaux. C’est le vide qui nous importe dans les montagnes, comme on dit que le soupir est l’essentiel de la musique.


Paris.

À propos d’occultisme, je leur disais que je ne ferais aucune difficulté de croire à tout, qu’il n’y avait qu’une chose à laquelle je ne croirais jamais, c’est au témoignage humain.


13 octobre.

Être sourde c’est probablement ne pas entendre, mais en tous cas, c’est se taire.

Quelle que soit la spontanéité qui nous soulève, ne fût-ce qu’une exclamation, résister au préjugé communicatif, se rappeler que votre milieu, votre moment, n’est pas celui des autres : se taire. Quelle que soit la conversation, la discussion présente et dont on vous parle, quelle que soit la répercussion d’impatience ou d’entraînement éprouvée, quelle que soit la réplique vengeresse, mordre ses lèvres, se rappeler qu’ils parlent, qu’ils crient : se taire.