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ANNÉE 1902

qui nous tient à la vie, nous fait habiter notre corps, nous équilibre dans l’espace et dans le temps, nous fait respirer notre conscience dans les choses présentes, ce sont les sensations de luxe. C’est-à-dire que les sens pour la conversation, comme les définit Malebranche, sont insuffisants. C’est la vision de luxe, la vue large et profonde qui nous installe dans la vie, dans nous-mêmes. Je me reconnais à la dureté d’une silhouette, à la pureté d’une ligne de côte. Et chaque progrès des yeux me rappelle les sons, ils me semblent rapprochés avec les mouvements, les habitudes mieux saisies de ce qui bruit. Ou, pas même cela, mais plus de réalité au monde, le fait tendu, vibrant, ouvert à la circulation des ondes sonores.


6 septembre.

Hier, près de la mer qui dormait, avec un long rêve de nuées blanches au fond de l’âme, je lisais Rosebery sur Napoléon. Ces hommes d’État, quels gens simples ! au sujet de l’autre monde…


10 septembre.

Je me rendrais pour du yachting et je croirais encore faire une belle affaire ! Il faut être dénué de