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De l’individualisme : « Nous croyons avoir le droit de rendre un homme heureux à ses dépens et nous ne voulons pas qu’il l’ait lui-même. »

D’ailleurs très individualiste, Vauvenargues, il a ruiné les conseils et l’expérience : « On ne fait pas beaucoup de grandes choses par conseil. »

Le mot « cœur » a fait illusion chez lui. Il n’est pas un sentimental, mais un pragmatique, car la différence, de lui à la Rochefoucauld, est qu’il n’observe pas après, mais avant la vie, d’un point de vue plus utilitaire. Bien plus subjectif, visiblement il cherche des prétextes à son activité.

Quel magnifique traité de l’arrivisme on ferait avec ses « réflexions et maximes » ! Je ne m’étonne pas du tout que l’auteur de la « Volonté de Puissance » ait aimé Vauvenargues.

Un ambitieux ! Il ne mesure les hommes que dans leurs rapports avec la gloire. « Nous méprisons beaucoup de choses pour ne pas nous mépriser nous-mêmes. »

« Tous les hommes se jugent dignes des plus grandes places, mais la nature qui ne les en a pas rendus capables, fait ainsi qu’ils se tiennent très contents dans les dernières. » « On méprise les grands desseins lorsqu’on ne se sent pas capable des grands succès. » « Les hommes ont de grandes prétentions et de très petits projets. »