Page:Journal de Marie Lenéru.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.
80
journal de marie lenéru

que je vois passer de choses ! Dieu, la vie, la mort et l’amour, ce que j’y aurai pourpensé !

La plupart des cerveaux n’ont pas vu passer ces choses-là dans leur existence aussi souvent que je les rencontre en un jour.

Encore ai-je tort de parler d’amour, c’est emportée par la série que je l’ai nommé, parce que je n’exclus rien de ma curiosité et que je le crois nécessaire, pour avoir fait toutes les épreuves intéressantes de ce monde.

C’est une chose qu’il faut ajouter à la vie, mais elle ne me suffirait pas du tout.


Samedi 23 septembre.

Il fait froid, il fait net et sonore, car la sonorité se voit et se respire aussi. J’adore cette saison, la lumière y tombe d’une manière plus intime. Il n’y a plus de midi, mais un matin qui dure jusqu’au soir. L’automne de la mer n’est pas rouge, il est blanc. La lumière qui entre aux fenêtres est celle qui passe sur la neige, lumière froide et brillante qui arriverait toute aiguisée des pôles.

Les promenades sur la plage à huit heures, c’est exquis, bleu, rayonnant, les côtes à belles arêtes vives et tout autour des nuages d’horizon, les nuages