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année 1899

voient comique, ou simplement font les dégoûtés, mon Dieu ! les auteurs moraux m’ont choquée davantage, m’ont paru moins « propres » que les autres qui adorent tout de la vie et n’ont pas l’air de soupçonner qu’une mouche puisse tomber dans leur verre.

Les fautes romanesques n’ont pas mon indulgence, mais en parler avec dégoût me paraît aussi grossier que ce rire abject que provoquent les maris trompés.

Puisque tout est dans l’opinion, comme disaient les stoïques, c’est en voyant malpropre qu’on salit les choses.


Vendredi 1er septembre.

Il pleut et rien ne m’occupe, je passe d’un livre à l’autre, et ne m’accroche à rien. Dans ce que je fais, il me faut autre chose que la distraction : sentir où cela me mène. J’ai toujours la sensation d’une personne en retard que l’heure talonne et qui, pour avoir un peu de quiétude morale, n’a que la ressource de marcher droit à son rendez-vous.

Ce n’est pas une guérison que je demanderais, mais une trêve pendant qu’il en est temps encore, que j’en pourrais faire quelque chose. Je me constituerais prisonnière sur parole et à 35 ans je reprendrais la forteresse.

Oh ! je commence à devenir bien humble. Je