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LA PRIÈRE CANONIQUE MUSULMANE.

Ici s’arrêtent les renseignements historiques. Il me paraît évident que c’est à une date fort rapprochée de cette dernière que l’album a dû être écrit. D’un autre côté, il est aisé de remarquer que la géographie de ce document est fort peu étendue ; en dehors de Baghdad, que sa qualité de chef-lieu de pachalik turc et d’enjeu entre les deux armées ottomane et persane mettait en vue, on ne cite guère que Zâkhoû, ‘Amâdia et Mauçil. L’auteur était, par conséquent, un Kurde de la province du Bohtân.

Ce poème est incontestablement écrit dans le dialecte kurmândji[1], le plus répandu d’ailleurs, au moins dans l’Ouest, le plus étudié et celui qui méritait le plus peut-être de devenir une langue littéraire. Le mètre est le ramal de la variété dite maḥzoûf[2]. Les règles de la prosodie suivent celles de la langue per-

  1. Les quelques phrases citées par le voyageur turc Evliyâ-Efendi et publiées par Hammer dans le tome IV des Mines de l’Orient, p. 2 46, nous offrent des exemples du kurmândji au xviiie siècle. Cf. Lerch, op. laud., 2e partie, p. 21.
  2. G. de Tassy, Rhétorique et prosodie des langues de l’Orient musulman, 2e édit., p. 293.