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hommes du 15e bataillon placés aux quatre coins de l’appartement.

Par un hasard singulier, l’un de ceux qui m’avaient condamné, le lieutenant d’infanterie, m’avait souvent rencontré au quartier latin, dans le temps qu’il était élève à l’École militaire.

Ce fut lui qui me le rappela, pendant que nous regardions ensemble le peloton qui m’était destiné prendre position dans la cour de l’hôtel.

Le capitaine d’état-major rentra en ce moment et demanda une signature au lieutenant. Il me prévint en même temps que j’eusse à me tenir prêt.

Nous entendîmes le bruit d’une altercation dans l’escalier. Une estafette que l’on voulait empêcher de monter demandait à voir le président de la cour martiale : « Ordre du maréchal » dit l’estafette en remettant un grand pli scellé d’un large cachet de cire rouge.

Le capitaine Ossud parcourut rapidement le contenu de la dépêche : c’était l’ordre de surseoir à mon exécution et de me mettre à la disposition du commissaire central Ansart, qui était en permanence au ministère des affaires étrangères, où étaient installés les services du maréchal de Mac-Mahon et de la préfecture de police.

Le capitaine du 15e bataillon avait, sans prévenir ses collègues de la cour martiale, envoyé par un de ses gardes un rapport au maréchal, rapport dans lequel il s’attribuait, bien entendu, tout l’honneur de ma capture.