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taine, je lui dis : « Ce brave homme me croit, sans doute, gravement compromis et s’imagine qu’il y a danger pour lui à me réclamer ; mais j’ai ici une personne qui n’hésitera pas à répondre de moi, c’est M. Hortus. »

M. Hortus était depuis longtemps maire du 7e arrondissement. Chef d’une importante institution dans la rue du Bac, il m’avait eu pour élève en même temps que l’ami de qui je possédais les papiers. Depuis notre sortie de son établissement, il avait conservé avec nos deux familles les meilleures relations et ne nous avait jamais perdus de vue.

Le capitaine, au nom de M. Hortus, accepta immédiatement de faire parvenir à celui-ci un billet que je signai, bien entendu, du nom de mon ami.

M. Hortus était encore chez lui. En apprenant que son ancien élève X… était arrêté, il voulut avoir la satisfaction de le libérer lui-même ; il vint en toute hâte, et la comédie du concierge recommença.

La porte de mon cachot s’ouvrit pour la seconde fois et j’aperçus le père Hortus, comme nous l’appelions, accompagné de plusieurs personnes ; j’allai rapidement à lui, et lui saisissant la main : « Bonjour, monsieur Hortus » lui dis-je, et tout bas « je suis Jourde ! » car il lui eût été assez difficile de me reconnaître. J’avais fait, la veille, une toilette qui me rendait presque méconnaissable.

Au nom que je venais de lui jeter, le vieil instituteur perdit complètement la tête : « Comment, c’est toi ! s’écria-t-il, toi, que je retrouve dans une pareille