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Pour plus de sûreté il se plaça debout, sur l’avant de notre embarcation, et, grâce à sa haute taille, il put distinguer, peintes en blanc, enguirlandées de fleurs, les trois lettres P.C.E., initiales des trois mots anglais Peace, Ease, Comfort.

Sur l’un des côtés du bâtiment pendait une échelle de corde. Ballière monta à bord, où tout d’abord il ne trouva personne. Enfin, après une recherche minutieuse, il finit par découvrir le steward (ou maître-coq) qui dormait d’un profond sommeil. Ballière lui expliqua que nous étions là six amis du capitaine qui venions passer la nuit du départ avec celui-ci. Le capitaine, fut-il répondu, allait bientôt rentrer.

Ballière nous invita à grimper à bord, ce que nous nous empressâmes de faire, après avoir amarré notre barque.

Nous fûmes introduits dans la cabine du capitaine ; depuis quatre ou cinq jours celui-ci était prévenu que parmi les fugitifs se trouverait Henri Rochefort.

Sur la table, une publication populaire illustrée le « Bow-Bells » était ouverte à la page où la gravure représentait le portrait de l’auteur de la Lanterne.

Pendant que nous feuilletions le journal, le capitaine arriva suivi de son second et de notre complice Vallerstein. Les présentations furent promptement faites. Le brave marin nous accueillit avec une franche et ronde cordialité, qui nous mit immédiatement à notre aise.