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repaître les nombreux requins qui sont l’un des ornements de la rade de Nouméa. C’eût été un sujet de philanthropique gaîté pour l’amiral Saisset, qui avait prédit qu’en cas d’évasion : les fugitifs seraient mangés d’un côté par les naturels, de l’autre par les requins.



Quand nous arrivâmes dans le port, onze heures sonnaient à Nouméa. L’obscurité était telle que nous ne voyions pas à vingt mètres devant nous. Nous apercevions les ombres confuses des navires à l’ancre, mais nous ne pouvions reconnaître la position du P.C.E.

Nous n’avions pas non plus la notion des distances et nous nous heurtâmes littéralement à un gros navire qui étendait, comme de grands bras, ses vergues au-dessus de nos têtes. Le pas régulier d’un factionnaire nous apprit que nous avions accosté un navire de l’État. Nous nous éloignâmes, sans bruit, du redoutable géant ; à peu de distance de là nous abordâmes un bâtiment de commerce « l’Ellen-Morris. » A cet endroit, Ballière, qui avait été chargé de reconnaître l’emplacement du P.C.E., se rendit compte du point où nous nous trouvions. Il nous indiqua un troisième navire un peu sur notre gauche.