Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.

geâmes vers le rivage où nous devions trouver notre premier instrument de fuite.

Ballière, revêtu d’une immense houppelande, avait dissimulé son visage sous un énorme chapeau.

J’étais coiffé d’une casquette de loutre et vêtu de manière à être méconnaissable.

Haletants, silencieux, arrêtés à chaque pas par une alerte, nous cachant derrière les pièces de bois qui encombraient le port, suivis de nos quatre kanaks qui croyaient tout simplement nous aider à satisfaire notre passion pour la navigation nocturne, nous pûmes enfin atteindre la barque à laquelle nous avions accordé nos préférences. Une cruelle déception nous attendait.

Nous étions à marée basse ; la mer qui, à marée haute pouvait mettre l’embarcation à flot, s’était retirée à cinquante mètres de là. Bah ! avec un effort sérieux nous l’y conduirons. Et tous les sept nous nous ruâmes sur la barque ; les tayos (amis), solidement entraînés par une forte ration de tafia, trouvaient l’expédition de plus en plus charmante et y allaient de tout cœur.

Après une demi-heure d’efforts, nous avions fait parcourir à peu près un mètre à la maudite embarcation qui s’ensablait davantage à chaque poussée. Les chiens hurlaient autour de nous et nous signalaient à la vigilance de nos gardiens. Le jour allait bientôt arriver, il nous fallait donc abandonner l’entreprise.

La difficulté était, maintenant, de regagner nos