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L’INCONNU

Chéret éclaboussant de soleil le ton cendreux de la peinture. Entassés sur des planches de sapin, des plâtres poussiéreux, cassés, estropiés, minables, honteux de se trouver tellement serrés qu’ils perdaient le prestige d’attitudes séculairement nobles et admirées. Un Antinoüs, coiffé d’une feutre crasseux qui lui cachait un œil, avait l’air particulièrement vexé. Une vieille table de salle à manger, dont le plaqué, découragé, ne luttait plus et se crevassait comme des bottes usées, fléchissait sous un amoncellement d’eaux-fortes, de livres, de journaux, d’albums, de croquis, d’ébauchoirs, de compas, de crayons, de mies de pain rassies, et autres objets qui montaient à l’assaut d’un encrier et d’un monumental pot à tabac, dont le pied disparaissait sous un fouillis plus inextricable qu’une forêt vierge.

L’ameublement était complété (?) par un fauteuil de paille, deux chaises de reps fané, un lit-canapé recouvert d’une étoffe à raies appelée — je ne sais pourquoi — algérienne, un piano