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JEAN RICHEPIN

robuste garçon à la poitrine et aux bras de discobole, aux cheveux crêpus, aux yeux de braise, au teint cuivré, qui ressemble à un Indien égaré dans un complet européen.

Et cependant je ne sais si, à cause de son imprévu, cette villégiature forcée — intra muros — n’a pas amusé Richepin. Du sang bohémien, du sang tzigane coule dans les veines de ce « Touranien » qui se promena longtemps avec un bracelet d’or au bras, qui préfère la robe de chambre écarlate à l’habit noir, qui joua, à la Porte-Saint-Martin, le principal rôle dans son drame de Nana-Sahib, et dont les sautes brusques déroutent l’observateur le plus perspicace.

Pas facile, en effet, d’immatriculer cet irrégulier qui n’a retenu de chaise à l’année dans aucune église ; son talent à facettes multicolores brille et s’éteint sans qu’on sache pourquoi ni comment. Naturaliste dans la Glu, romantique dans Monsieur Scapin, romanesque dans Miarka, il culbute lourdement