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LES DÉCORÉS

plaines de Sedan, la figure et la poitrine trouées par les balles prussiennes ; un nom qu’on prononce avec un petit frisson au cœur, et le chapeau à la main.

Paul Margueritte est le fils du soldat martyr dont le sang a lavé la honte des capitulations.

Réservé, modeste, timide, silencieux, le tendre rêveur, de prime abord, contraste étrangement avec les traditions militaires de sa famille. Mais, si l’auteur de La Tourmente manque de bottes éperonnées, si sa voix mélodieuse et assourdie semble malhabile à lancer de tonitruants commandements sur un champ de bataille, il serait téméraire d’en déduire que la chaîne ancestrale est rompue, car on retrouve, dans l’enfant-écrivain, la loyauté, la crânerie, l’énergie, le courage du père-officier.

Il ne faudrait donc pas se fier à l’extérieur de ce mince jeune homme boutonné dans sa longue lévite noire, à la tête légèrement penchée de côté, aux gestes sobres, et dont l’œil, — sous le miroitement du pince-nez — paraît