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LES DÉCORÉS

à former le goût des masses, et que le sens extraordinairement affiné des basses classes a contribué à la splendeur artistique de la Grèce et du Japon, le maître décorateur s’est attaché à jeter la poudre d’or de son imagination sur les plus humbles et les plus vulgaires productions de l’industrie : des catalogues, des almanachs, des affiches, des étoffes communes, des couvertures de livres et de cahiers ont été traités par lui avec autant de conscience que s’il s’agissait de fresques pour Notre-Dame, et sont marqués d’une griffe caractéristique et volontaire.

Ah ! pourquoi l’artiste qui a fondé, il y a quelques années, un cours de décoration dont les résultats sont considérables, n’est-il pas chargé de cartons pour notre ridicule manufacture des Gobelins, si anémiée et si vieillotte ! « Plutôt que de s’attarder à la stérile évocation du passé, s’est écrié un de nos plus brillants critiques, dans une conférence célèbre, c’est aux Puvis de Chavannes, aux Gustave Moreau, aux