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LE BORDEREAU

On cherchait avec angoisse, avec passion, mais avec conscience, brûlant de trouver, tremblant de faire erreur. Boisdeffre pressait Deloye, directeur de l’artillerie, qui fit de nombreuses comparaisons d’écriture[1]. Toutes les recherches furent vaines. Deloye et les chefs des trois premiers bureaux en rendirent compte[2]. Restait le quatrième. Le bordereau allait être classé. « On était à bout[3]. »

Sur ces entrefaites, le vendredi 5 octobre, le lieutenant-colonel d’Aboville, qui venait de succéder au colonel Roget comme sous-chef du 4e bureau, rentra de congé[4].

II

La journée du lendemain 6 fut décisive.

Ce matin-là, au 4e bureau, le lieutenant-colonel Boucher, chef du 3e, était venu causer avec le colonel Fabre. Au cours de la conversation, il est fait allusion « à un document très important qui avait été intercepté par le

    ajoute : « Mais nous, et j’en suis, nous ne pensions pas à cela à ce moment. »

  1. Rennes, III, 57, Deloye.
  2. « Si le lieutenant-colonel d’Aboville était rentré de permission quelques jours plus tard, il est probable que son chef de bureau aurait rendu compte, comme ses trois camarades, de l’inanité de ses recherches, et que le bordereau aurait été classé dans les cartons du service des renseignements avec les innombrables documents recueillis par ce service. » (Cass., Zurlinden, I, 41.)
  3. Rennes, I., 87, Mercier : « Ce ne fut que presque à bout de recherches que le colonel Fabre… » Dans le compte rendu revisé par Mercier (Paris, chez Noizette), il insiste encore plus « Ce ne fut que tout à fait presque à bout… » (page 25.)
  4. Sa nomination avait paru au Journal officiel du 4.