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Peu après survint Lauth. Henry circulait dans le couloir[1]; il appela son ami[2]. Et un troisième officier du service, Matton, étant arrivé en même temps que Lauth, il leur montra « un papier qu’il tenait à la main[3] ».

La scène est si bien réglée qu’elle semble préparée d’avance.

Sur la table se trouvaient des paquets en vue[4], contenant des papiers déchirés et informes[5] ; mais celui qu’Henry tenait à la main était déjà recollé ; il n’était plus fragile, il était « absolument sec[6] ».

Lauth ne s’étonne pas que ce seul papier ait été recollé ; mais il dit que « le papier avait été en plusieurs mor-

    trouvé le bordereau. — Roget a affirmé, successivement, qu’Henry lui avait dit que le bordereau était venu par la voie ordinaire, c’est-à-dire par le cornet (Procès-verbal des aveux d’Henry, du 30 octobre 1898), par « qui vous savez » (Commission d’enquête sur les allégations de Quesnay de Beaurepaire, le 22 janvier 1899), et « par ce que j’ai appelé la voie ordinaire » (Rennes, le 16 août 1899). Tant de contradictions prouvent l’intérêt de l’État-Major à nier que le bordereau soit venu par Brücker, intact.

  1. Cass., I, 412, Lauth. — À Rennes, Lauth dit « qu’Henry, avisé d’une venue par la sonnette électrique, avait mis la tête à la porte de son bureau. » (I, 608.)
  2. Cass., I, 412, Lauth : « Il m’appela et me fit entrer dans la pièce où il travaillait d’ordinaire. » À Rennes, Lauth emploie la même formule que Gribelin : « Il m’appela et me dit : « Venez voir ce que j’ai trouvé. » (I, 608.)
  3. Rennes, I, 608, Lauth. À l’enquête de la Cour de cassation, Matton déclara que le bordereau lui avait été montré par Sandherr et non par Henry (Voir t. VI, 351 et 439, note 1).
  4. Rennes, I, 609, Lauth : « La manière dont les paquets étaient placés sur la table, la manière dont il nous a appelés, le faisant exprès… »
  5. Cass., I, 412 ; Rennes, I, 608, Lauth.
  6. Rennes, I, 608, Lauth. — Cass., I, 431, Gribelin : « Il me dit en me montrant un papier recollé… » — De même, Lauth, à la Cour de cassation : « Il nous montra quelques fragments recollés par lui. » (I, 412.) À Rennes, il n’ajoute que les mots : « Le papier était absolument sec. »