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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


a lu, à la fin d’août, 1896, quand il se fit remettre par Gribelin « le petit dossier[1] ».

Picquart dit expressément : « Je n’ai pas vu le dossier secret dans l’état où il a été présenté aux juges. Je l’ai vu dans l’état où il se trouvait à la section de statistique à la fin d’août 1896[2]. »

Le commentaire y « encartait les pièces secrètes ».

Est-ce la pièce qui fut communiquée aux juges en chambre du conseil ?

1° Freystætter, l’un des juges de 1894, qui a tenu entre les mains toutes les pièces du pli ministériel, donne ce résumé du commentaire : « Une notice biographique imputant à Dreyfus des trahisons commises à l’École de Bourges, à l’École de guerre et pendant son séjour à L’État-Major[3]. » Et plus loin, en réponse à cette question de Mercier : « À quels documents le capitaine Freystætter a-t-il voulu faire allusion ? » Freystætter répond : « Je sais que cela concernait un obus[4]. »

D’autre part, Picquart n’a lu rien de tel dans le commentaire qu’il trouva dans le petit dossier. Ce n’était pas une notice biographique. Il n’y était question ni de l’École de Bourges, ni de l’obus.

2° Du Paty[5] affirme, sans qu’il ait aucun intérêt à mentir sur ce point, que son commentaire n’était pas une notice biographique de Dreyfus et qu’il n’y parlait ni de Bourges, ni de l’École de guerre, ni d’un obus. Il indique « qu’il n’est pas impossible que son commentaire ait servi d’élément à un travail plus étendu ». Évidemment, il en sait davantage.

Je cite textuellement :

« Aucune de ces pièces n’avait trait au télégramme chiffré de l’agent B… (Panizzardi) ni à la fabrication d’un obus.

  1. Cass., I. 133 ; Rennes, I, 400, Picquart.
  2. Rennes, I, 400, Picquart.
  3. Rennes, II, 399, Freystætter.
  4. Ibid. II, 402.
  5. Rennes, III, 512, Du Paty.