Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, La Revue Blanche, 1901, Tome 1.djvu/616

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
594
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


sident de la Cour de cassation, l’exactitude de la traduction officielle du télégramme du 2 novembre.

Ce procès-verbal, qui n’avait pas été produit par ses auteurs au procès de Rennes, est ainsi conçu :

Paris, 27 avril 1899.

Les soussignés, général Chamoin et commandant Cuignet, ont opéré le déchiffrement du télégramme du 2 novembre 1894, en présence de M. Paléologue, sur une copie conforme au calque de l’original déposé au bureau de poste de la rue Montaigne par M. le lieutenant-colonel Panizzardi ou par son ordre.

Ce calque a été remis à la Cour par l’administration des Postes et Télégraphes. Il est signé Panizzardi. L’examen de l’écriture du texte et de la signature permet de reconnaître que la dite écriture n’est pas de la main de M. Panizzardi.

Nous avons fait part de cette constatation à M. Paléologue.

Général Chamoin,
Commandant Cuignet.

Or, ce document lui-même se retourne contre Cuignet.

Il en résulte, en effet, que le texte communiqué à la Cour de cassation est, de l’aveu même de Chamoin et de Cuignet, « conforme au calque déposé au bureau de poste de la rue Montaigne par Panizzardi ou par son ordre ».

Le général Chamoin le déclara, d’ailleurs, à nouveau, le 24 avril 1899, à Rennes : « Dans mon esprit, dit-il, la discussion sur le télégramme du 2 novembre 1894 ne peut pas être ouverte à nouveau. Il y a une entente absolue et complète entre le ministère de la Guerre et le ministère des Affaires étrangères, au sujet non seulement de l’authenticité du décalque fourni par l’administration des Postes et Télégraphes à la Cour de cassation, mais aussi et surtout au sujet de la traduction du télégramme. Nous sommes donc absolument d’accord et sur l’authenticité du décalque et sur l’authenticité de la traduction[1]. »

Qu’importe, dès lors, que l’original de la dépêche soit ou non de la main même de Panizzardi ou de la main d’un secrétaire ou d’un copiste de l’ambassade italienne ?

  1. Rennes, II, 225, Chamoin.