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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


date, 24 octobre, ne connaissait que des fragments du bordereau. Du Paty lui affirmait que l’avis des experts était formel. Le 24 octobre, enquête Du Paty de Clam :

« D. Comment expliquez-vous qu’une lettre, annonçant à un agent d’une puissance étrangère l’envoi de documents confidentiels, ait été reconnue être écrite de votre main ? — R. Je nie, comme au premier jour, avoir jamais écrit à aucun agent d’une puissance étrangère ; je n’en connais aucun et je n’ai jamais parlé à aucun. Je ne puis m’imaginer qu’une chose : c’est qu’on m’a volé mon écriture. »

Le 29 novembre, instruction D’Ormescheville :

« D. Maintenez-vous la déclaration faite le 24 octobre dernier, dans vos interrogatoires devant M. l’officier de police judiciaire : « On m’a volé mon écriture », et, dans ce cas, développez la pensée qui vous l’a dictée ? — R. Je n’avais pas vu le document incriminé ; dans les fragments qu’on m’a montrés, je n’ai pas reconnu mon écriture ; d’autre part, on m’affirmait que des experts prétendaient que c’était mon écriture ; dès lors, ma pensée était que c’était l’œuvre d’un faussaire, et je l’ai exprimée par ces mots : « On m’a volé mon écriture. »

VI

la dépêche du 2 novembre

La Cour de cassation et le conseil de guerre de Rennes ont eu sous les yeux toutes les pièces, les ébauches successives du service cryptographique, le décalque de la dépêche chiffrée conservé par l’administration télégraphique. Le travail même de la traduction a été refait devant les juges par Paléologue, au nom du ministère des Affaires étrangères. La traduction a été reconnue exacte, exclusive de toute autre, par le général Chamoin et le commandant Cuignet, au nom du ministère de la Guerre :