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APPENDICE


pour quel objet, à demander à Guérin, garde des Sceaux, de lui désigner un expert.

D’autre part, Casimir-Perier non seulement n’en dit rien, mais il contredit implicitement le récit de Dupuy. Il ajoute :

Il a déclaré, en effet, à Rennes[1], « qu’il avait été avisé par le ministre de la Guerre, peu avant que les poursuites ne soient engagées, des soupçons qui planaient dans son esprit sur le capitaine Dreyfus ». Il ajoute :

« Je suis rentré à Paris le 5 octobre, et, si j’ai bonne mémoire, l’arrestation du capitaine Dreyfus est du 15, de sorte que la première fois que le général Mercier m’en a entretenu doit nécessairement se placer entre le 5 et le 15 octobre. »

Comme Mercier n’a été informé que le 6, au soir, des découvertes de D’Aboville et de Fabre, et comme Mercier et Dupuy sont d’accord pour dire que le Président de la République avait été avisé avant le « petit conseil » du 11, cette dernière communication n’a pu avoir lieu que le 8, — le 7 étant un dimanche, — le 9 ou le 10 octobre.

Il est manifeste que cette conversation eut lieu le 10, à la veille du « petit conseil ».

En tout cas, Casimir-Perier dépose que, « s’il y a eu, comme cela ressort des dépositions des ministres, des entretiens entre eux au sujet de l’affaire Dreyfus, ils ont été tenus en dehors de lui, et que c’est en dehors de lui, également, qu’un conseil de cabinet, tenu place Beauvau, a décidé de déférer Dreyfus à la justice militaire ». Il s’agit ici, d’abord du conseil du 11 octobre, puis de celui du 1er  novembre.

Si, comme en a déposé Dupuy, le général Mercier avait, à l’issue d’un Conseil des ministres, retenu le Président de la République, avec le ministre des Affaires étrangères et le président du Conseil, pour leur annoncer la découverte d’un traître à l’État-Major, il est probable que cet incident serait resté présent à leurs mémoires. L’entretien, sur un

  1. Rennes, I, 61, Casimir-Perier.