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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


voir qu’un… (attaché militaire)… s’occupe de l’autre. »

Il s’agissait d’une question nullement confidentielle de recrutement ou d’appel : Davignon était le sous-chef du deuxième bureau. Une fois par semaine, le chef du bureau, le colonel de Sancy, et, en son absence, Davignon, recevaient les officiers étrangers, et les renseignaient si libéralement « que les officiers se plaignaient de travailler plus pour eux que pour l’État-Major[1] ».

Le souci manifeste de Panizzardi, c’est que Davignon ne sache pas que les deux attachés allemand et italien travaillent ensemble. Or, il le saurait, si Schwarzkoppen ne prenait pas de précautions en causant avec son ami. Mais quel ami ? Les termes mêmes dans lesquels Panizzardi en parle excluent l’idée d’un informateur secret. C’est peut-être Du Paty lui-même, qui fréquente beaucoup chez la femme d’un ancien officier et se rencontre chez elle avec Schwarzkoppen, familier de la maison. Cet ancien officier, Hecquet d’Orval, était le propre cousin de Du Paty, qui le dénonça à plusieurs reprises et le fit surveiller comme suspect[2].

Pour Du Paty, l’ami, c’est Dreyfus, attaché au deuxième bureau où Schwarzkoppen contrôlait avec Davignon les renseignements recueillis par Panizzardi.

Or, la lettre de l’Italien, apportée à l’État-Major dans les premiers jours de janvier 1894, est de décembre 1893, et Dreyfus n’était pas alors au deuxième bureau, mais au quatrième[3]. Si l’ami de Schwarzkoppen appartient à ce service, c’est peut-être le commandant d’Astorg, qui est chef de section, ou le colonel de

  1. Lettre de Picquart au garde des Sceaux. (Revision, 111.)
  2. Rennes, I, 105, Mercier ; I, 371, Picquart.
  3. Cass., III, 133. Ballot-Beaupré. Avec renvoi à l’état nominatif, pièce 13 du dossier 5, communiqué par le ministre de la Guerre, liasse n° 5.