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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


secret de cet appareil. N’ayant vu ni tirer ni manœuvrer la pièce, il ignore la manière dont elle s’est comportée. Il ne l’a vue qu’au repos, pour la dernière fois, pendant son séjour à l’École de guerre.

Du 1er  janvier aux premiers jours de juillet 1894, il a travaillé au 2e bureau de l’État-Major ; il n’a jamais eu à s’y occuper d’aucun travail sur la couverture, possédé aucun document sur cette question. Il n’est entré au 3e bureau qu’en juillet ; en septembre seulement, il a surveillé le tirage de certains documents relatifs, non pas à l’emplacement, mais à l’approvisionnement des troupes de couverture.

Une note sur les modifications aux formations de l’artillerie ? En juin, il savait seulement la suppression des deux régiments de pontonniers et la création de 28 batteries nouvelles. Il ignorait alors, il ignore encore les formations de campagne de l’artillerie[1].

Jamais, à aucune époque, il n’a rien lu, rien eu entre les mains « sur Madagascar ».

Jamais il n’a possédé le projet de manuel de tir d’artillerie de campagne pour 1894 ; il en ignorait même la publication. Il ne s’en est pas occupé, parce qu’il savait ne pas aller aux écoles à feu et qu’il était absorbé par d’autres travaux. Il n’a eu, avec un officier d’État-Major[2], que des conversations générales sur l’artillerie, notamment sur l’artillerie allemande.

Donc, il est innocent.

Mais Du Paty était sourd à cette logique et s’obstinait à affirmer que le bordereau était de la main de Dreyfus :

  1. « D’ailleurs, d’après ce qui m’a été demandé dans un interrogatoire, ces formations de campagne de l’artillerie ne sont parvenues à l’État-Major de l’armée que dans le courant du mois de juillet. » (Interrogatoire du 29 novembre 1894.)
  2. Le commandant Jeannel. — Voir p.289.