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L’ENQUÊTE


Sandherr fit également demander des renseignements à Mulhouse et ceux qu’il y recueillit, après enquête, furent excellents[1]. Quatre frères, Jacques, Léon, Mathieu et Alfred, et trois sœurs, composaient la famille Dreyfus, étroitement unie. En 1872, l’aîné seul n’avait pas opté pour la France afin de pouvoir, sans crainte d’expulsion, continuer à diriger les filatures de Mulhouse ; il avait, d’ailleurs, passé l’âge du service militaire et avait servi, pendant la guerre, dans la légion d’Alsace-Lorraine. Mais ses trois frères avaient opté et lui-même avait fait de ses fils des Français ; les deux plus âgés se préparaient à Paris pour l’École polytechnique et l’École de Saint-Cyr[2]. Ils étaient estimés de tous ceux qui les connaissaient et tenus pour de très honnêtes gens et d’irréprochables patriotes.

VI

Il y avait longtemps, quand l’affaire Dreyfus éclata, que les juristes et les simples penseurs avaient dénoncé le vice profond de notre code d’instruction criminelle :

    qu’il adressa au marquis de Salisbury et que celui-ci communiqua au gouvernement français (Cass., III, 138). Le général Talbot ne rectifia la déposition du général de Galliffet que sur un seul point : il n’avait point connu personnellement Esterhazy, n’avait eu, avec lui, ni communications ni relations. « Pendant toute la durée de mes fonctions (d’attaché militaire à Paris), je n’ai jamais obtenu ou cherché à obtenir aucune information d’un officier français, ou de toute autre source, contre paiement d’une somme d’argent petite ou grande… Mes observations tenaient seulement à établir ce fait que le caractère du commandant Esterhazy était connu des attachés militaires. »

  1. Cass., I. 300, Cordier.
  2. Procès Zola, II, 179, lettre d’Auguste Lalance au journal le Siècle.