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APPENDICE


instant ». Le Gall relate ensuite les divers incidents de la journée jusqu’au départ du prince de Monaco. Il continue en ces termes :

À cinq heures, le secrétaire général a présenté les décrets à la signature du Président de la République. Le Président a ensuite entr’ouvert la porte de mon cabinet, où se tenait M. Blondel pendant mon absence. Il y a rencontré M. Paoli, le commissaire spécial de la gare de Lyon, qui était venu voir M. Blondel et lui a serré la main. M. Paoli s’est alors retiré. Dans cette même pièce, M. Félix Faure est resté plus d’un quart d’heure avec M. Blondel, avant de rentrer dans son cabinet, où il a repris la lecture des dépêches de la journée et des télégrammes des séances du Sénat et de la Chambre.

À six heures cinq, je suis rentré. J’ai reçu le capitaine de vaisseau Germinet et le député Le Troadec, puis j’ai entr’ouvert la porte du cabinet du Président de la République pour le prévenir que j’étais là. Il lisait à ce moment des télégrammes de la Chambre. Il était six heures et demie, et je repris mon travail.

Environ un quart d’heure après, c’est-à-dire vers six heures quarante-cinq ou six heures cinquante, tandis que j’étais penché sur ma table, écrivant une lettre, le Président s’est précipité à la porte qui séparait nos deux cabinets, et, appuyé sur un battant de la porte, il m’a crié d’une voix angoissée, malheureuse :

— Venez à moi, Le Gall, je suis malade… bien malade !

J’ai couru à lui. On sait le reste !

Voici maintenant le procès-verbal des médecins :

Les médecins soussignés, appelés auprès de M. le Président de la République, ont assisté, dès le début, à la succession des accidents qui, dans l’espace de quelques heures, ont amené le dénouement fatal.

Ils certifient qu’ils ont été unanimes à reconnaître, dans la succession des accidents, tous les symptômes indiscutables d’une hémorragie cérébrale foudroyante, avec paralysie de la face et des membres du côté gauche.

Ont signé : Bergeron, Lannelongue, Potain, Cheurlot, Humbert.