permis de révoquer le maire d’Alger (Max Régis) et de prononcer, peu de jours avant la fin de la session, un vigoureux discours contre l’antisémitisme algérien[1].
Quesnay, enchanté de redevenir l’homme du jour, partit de l’avant. Maintenant on ne voyait plus que lui dans les galeries du Palais, qu’il arpentait avec de grands gestes, quêtant les commérages[2], les acceptant sans contrôle et clamant sa douleur de voir « sa chère magistrature » compromise, une instruction « illégale » de revision « conduite à l’imitation des anciens procès de tendance », et des juges « portant des coups qui allaient jusqu’au drapeau et préparaient la guerre civile ». Puisque « l’Affaire est venue à lui malgré lui », il fera tout son devoir ; et lui, « le camarade sûr et tolérant qui mettait l’esprit de corps au-dessus de tout », « il se détourne avec colère de collègues qui sont des déserteurs », parce qu’il s’agit de l’honneur à la fois de la robe et de l’uniforme, et que « la complaisance confinerait à la trahison[3] ».
Sauf Rochefort qui lui gardait rancune et l’appelait « l’Esterhazy de la magistrature », les mêmes gens qui l’avaient traité autrefois de « catin, de proxénète générale et d’assassin », vantèrent ses vertus. Esterhazy lui-même. Cabanes écrivit à Lebret que son client, quel que fût son désir de parler, ne consentirait pas à déposer devant des juges dont l’enquête était marquée par des « intermèdes aussi scandaleux[4] ».
Il était devenu fort dévot. À la messe du Saint-Esprit,