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LE DESSAISISSEMENT


que, certainement, ces documents ne pouvaient pas être produits sans danger. — D’où cette absurdité, mais qui allait permettre de retarder encore la justice, que les preuves décisives du crime de Dreyfus ne seraient jamais connues que de Cavaignac et des militaires.

Brisson reprit, à bon droit, que la suspicion créée par le faux d’Henry s’étendait à toutes les pièces du dossier ; mais sa protestation s’évapora. La Chambre s’empressa d’approuver les déclarations de Dupuy[1].

Le Gouvernement allemand, ne voulant pas être complice, se dégagea par une note, de cette nouvelle fourberie :

Les explications officielles allemandes ont établi qu’aucune personnalité allemande, haute ou infime, n’a entretenu avec Dreyfus des relations contraires aux lois françaises.

Du côté allemand, on ne pourrait donc voir aucun inconvénient à la publication intégrale du dossier secret.

D’autre part, nous ne jugeons pas les hommes d’État français assez peu sensés pour croire sérieusement que ce dossier contienne des lettres ou documents de l’Empereur allemand se rapportant à l’Affaire Dreyfus.

Ceux qui croiraient à de pareilles insanités ne pourraient que pâtir eux-mêmes d’une lessive complète[2].

III

Cavaignac trouva l’occasion bonne pour révéler que les ministres de 1894 avaient pris l’engagement de ne

  1. Par 362 voix contre 78.
  2. Gazette de Cologne du 22 décembre 1898.