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LE DESSAISISSEMENT


considérer la déclaration de Dreyfus comme des aveux ; si on m’a parlé d’aveux, j’ai pu dire qu’il ne m’en avait pas fait. Puis : « J’ai considéré cela comme des explications de sa condamnation, mais je n’en ai pas moins retenu qu’il avait avoué avoir livré les documents[1], » Impossible d’en tirer autre chose.

Une escouade d’officiers, le général Risbourg, le colonel Guérin, Peyrolle, Anthoine, de Mitry, Wunenburger, répétèrent les propos qu’ils tenaient de Lebrun ou de d’Attel, ou les uns des autres. Au contraire, Forzinetti, après un émouvant récit de la captivité de Dreyfus, affirma : « D’Attel ne m’a jamais parlé des aveux ; Lebrun-Renaud m’a déclaré que Dreyfus n’avait fait aucun aveu. » Sauf un prêtre[2], tous les témoins civils déposèrent d’assertions semblables de Lebrun[3].

Un ancien gendarme ayant simplement dit que, d’une pièce voisine de celle où Dreyfus se trouvait avec Lebrun, il n’avait rien entendu[4], Zurlinden écrivit que la parole de ce témoin ne méritait aucune créance[5] ; un brigadier, qu’il fit citer, raconta que Dreyfus, au Dépôt, après la parade, se serait écrié : « Je suis coupable, mais je ne suis pas le seul[6]. » Le directeur du Dépôt donna le démenti à cet homme : le condamné n’avait pas cessé de protester qu’il était victime d’une affreuse erreur[7].

La Chambre criminelle poussa cette partie de son enquête. Elle interrogea les principaux ministres de 1895. Guérin, le garde des Sceaux, n’avait connu les préten-

  1. Cass., I. 274 à 278. — Voir t. Ier, 515.
  2. Ibid., 295, abbé Valadier.
  3. Ibid., 380, Bayol ; 381, de Valle : 382, de Vaux, 38, Hepp ; 402, Clisson ; 481, Chapelon.
  4. Ibid., 476, Dupressoir.
  5. Ibid., 478, Zurlinden.
  6. Ibid., 311, Depert.
  7. Ibid., 313, Durlin.