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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


de l’élément intentionnel pouvait varier suivant les résultats du débat, puisque certains témoignages[1] avaient incriminé ces communications comme des manœuvres destinées à masquer les agissements de Picquart et de Leblois en ce qui concernait Dreyfus[2] ».

Dès que la requête fut connue, Fabre et Fournière retirèrent leurs interpellations ; quand Morellet rapporta la motion de Waldeck-Rousseau, elle n’avait déjà plus rien d’une loi de circonstance, bien que Dupuy s’obstinât à le dire. Cependant l’urgence fut encore repoussée[3] (6 décembre).

Le 8, la Chambre criminelle entendit le rapport d’Atthalin ; la loi eût permis de statuer définitivement, sauf l’opposition ; il était plus « pratique » et plus « sage » de rendre d’abord une « ordonnance de soit communiqué ». Mimerel, en quelques mots, y consentit, et Manau appuya, grondant « qu’il fallait se placer au-dessus des passions devenues féroces ». La Cour adopta.

Picquart restait en prison, mais sauvé.

Ainsi toute l’Affaire rentrait à la Cour de cassation ; mais ces « temples sereins », eux aussi, étaient profondément troublés.

  1. Gribelin. (Instr. Fabre, cote 22.)
  2. Aff. Picquart, 3, Mimerel ; 19, Atthalin.
  3. Par 129 voix contre 125. — Le surlendemain, la prise en considération fut votée par 153 voix contre 51.