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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


toires. L’agent espionna dans les couloirs, autour des endroits secrets[1].

Dans la grande tempête, un petit vent nouveau s’éleva. Les conseillers malmènent les généraux et affichent cyniquement leur parti pris, de sauver Picquart.

X

L’agitation contre le procès de Picquart gagna les Chambres ; députés et sénateurs annoncèrent des interpellations. Les groupes républicains du Sénat se réunirent, chargèrent leurs présidents[2] de se rendre, avec Monis et Volland, chez Dupuy et d’insister pour l’ajournement. Dupuy les reçut, entouré de Freycinet et de Lebret, leur promit d’en référer au Conseil[3], et décida aussitôt de brusquer le débat devant la Chambre.

À l’interpellation de Bos, qu’on sollicitait de s’effacer devant les sénateurs, il en fit joindre une autre d’un ami sûr, Massabuau, l’un de ces hommes qui cachent, sous l’aspect fruste d’un paysan du Danube et sous une indépendance qu’ils font haut sonner, beaucoup de ruse et de complaisances.

Le 28 novembre, dès le début de la séance, Dupuy réclama la discussion immédiate, cette bravoure à

  1. Enq. Mazeau, 36, Quesnay ; Magnin.
  2. Maret, Barbey, Guyot et Desmons. — Drumont les appela « les vieux turpides ». Rochefort révéla qu’on leur avait versé « un demi-million ». (28 novembre 1898.)
  3. Les groupes du Sénat décidèrent alors d’interpeller ; mais le Sénat s’était ajourné au 29, et le président Loubet fit observer qu’il n’existait aucun précédent qui permit de convoquer extraordinairement la Haute Assemblée.