au début à l’applaudir et que j’eusse été presque seul à m’inquiéter d’un tel défi à la probité et au bon sens[1], Monod s’étonna[2] que je me fusse donné la peine d’invoquer le Pascal des Provinciales : Ô théologie abominable ! » Mais l’énormité même de la chose en faisait le danger. Un autre miracle était d’hier, celui de Lourdes, j’entends le succès, en plein dix-neuvième siècle, de la répugnante thaumaturgie que Rome elle-même avait failli condamner. Encore quelques jours, et l’opinion ahurie par de telles apologies, sans contre-poids du côté d’un gouvernement inerte et inférieur au devoir, fera à peine une moyenne entre ceux qui traitent un faussaire de criminel et ceux qui l’appellent un martyr.
Déjà l’on avait cru, on croyait encore au Syndicat, et, de nouveau, le temps était à la peur : « La Revision, c’est la guerre », et la guerre, « avec une armée désorganisée », « quand nous ne sommes pas prêts », c’est « la Débâcle »[3].
C’était le bruit qui se répandait chez tous les pauvres gens, étouffant le cri des consciences, surtout parmi les femmes des faubourgs et de la campagne, où, trois ans après, aux élections de 1902, il effrayait encore. « Si Henry avait fabriqué un document apocryphe, c’était, de son propre aveu, afin d’éviter d’en fournir d’autres, dont la divulgation eût pu compromettre la sûreté de l’État »[4], — c’est-à-dire les deux forgeries qui, comme on l’a vu, s’étayaient ou se superposaient.