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CHAPITRE III

BRISSON

I

Quand ces nouvelles surprenantes, les aveux et la mort d’Henry, la démission de Boisdeffre, la mise en réforme d’Esterhazy, éclatèrent en une seule journée de minuit à minuit, la Revision fut faite d’un consentement unanime, pendant quelques heures[1]. Il n’y avait qu’à l’ordonner, dans le désarroi des hommes de parti, dans le brusque sursaut, le violent retour à la raison qui firent des milliers et des milliers de conversions instantanées. Le moins révolutionnaire des hommes d’État, s’il se fut trompé jusqu’alors, aurait saisi aux crins la terrible et magnifique occasion. Brisson la laissa passer. La semaine d’après, sa propre servante lui dira qu’elle espérait bien « que le procès

  1. Jules Lemaître : « Ce jour-là, nous avons tous accepté la Revision. » (Discours du 19 janvier 1899 à la réunion constitutive de la Ligue de la Patrie française.) Brisson : « À ce moment, tout le monde était revisionniste. » (Siècle du 18 mai 1903.) Et encore : « C’était le courant général. » (Siècle du 20.)