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CAVAIGNAC MINISTRE



qu’il avait correspondu de Tunisie avec Scheurer[1].

On avait racolé un ancien planton de Picquart, à Sousse, pour étayer cette dernière imposture ; ce Savignaud, fort mal noté au régiment[2] et qui demandait à rengager[3], racontait qu’il avait mis lui-même à la poste tunisienne trois ou quatre lettres de Picquart à l’adresse de Scheurer et que son ancien chef était en relations à Sousse avec un bijoutier juif, du nom de Dreyfus, qui passait pour le cousin du traître[4]. Savignaud conta d’abord sa fable à un député nationaliste, Dupuytrem, le plus gros homme de la Chambre, qui s’empressa d’informer Cavaignac ; celui-ci envoya aussitôt deux officiers (Junck et Laville) et l’agent Desvernine à la recherche de l’ancien soldat ; ils le trouvèrent au fond du Poitou, dans un petit village de la Vienne,

    commandant Rollin, de Picquart, d’Henry et de lui. — Gonse et Gribelin signalèrent encore la présence suspecte de Germain Ducasse auprès de Picquart (17 et 22). Ducasse s’expliqua très simplement sur l’emploi qu’il occupait : « J’affirme, je jure que le colonel ne m’a jamais parlé de l’affaire Esterhazy ou Dreyfus jusqu’au moment où les événements ont éclaté. » (64.)

  1. Instr. Fabre, 17, 18, 37, 39, 48, Gonse ; 19, 21, 22, Gribelin ; 23, Valdant ; 25, Junck ; 29, 30, 31, 46, 49, Lauth.
  2. Ibid., 68, Picquart ; Rennes, III, 457, Trarieux ; rapport du général Déchizelle, du 6 décembre 1898.
  3. Cass., I, 378, Cuignet. — Savignaud fut signalé par Gonse (18).
  4. Instr. Fabre, 57, Savignaud. Il raconte « qu’il fut planton de Picquart pendant neuf jours du 22 ou 23 mai 1897, au commencement de juin, au camp de Sidi-el-Harri et que (pendant ces neuf jours), il porta à la poste trois ou quatre lettres à l’adresse de Scheurer-Kestner, ainsi que des lettres à l’adresse de Leblois et de la comtesse de Comminges : « Je remarquai que le colonel me suivit jusqu’à la boîte aux lettres et cela attira mon attention ; j’eus alors la curiosité de regarder les adresses des lettres qu’il expédiait. » Savignaud avait également ramassé « une enveloppe portant un timbre italien ». Confronté avec Picquart (67), il maintint ses dires qu’il répéta à l’instruction Tavernier (24 octobre 1898) et à Rennes (II, 281).