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ESSAI SUR LA THÉORIE DES EAUX COURANTES.

prenant que des cours d’eau dont les pentes de fond tombent entre deux limites rapprochées, mais peu précises (0,0033 et 0,0039 en moyenne), et pour lesquels ces caractères deviennent indécis, par la raison que l’influence des courbures, tout en n’y étant négligeable, ni aux points où le régime uniforme s’établit, ni à ceux où il se détruit, produit cependant des effets moins frappants que dans les rivières aux premiers endroits, ou que dans les torrents aux seconds. C’est la valeur moyenne des pentes de fond de ces cours d’eau que l’on peut prendre pour pente limite séparant les rivières des torrents : cette valeur, moyennement égale à 0,0036, est, en réalité, assez variable avec la nature des parois, avec le rayon moyen et même avec la forme de la section.

J’ai cru devoir rattacher à la question de la classification des cours d’eau une courte esquisse des effets produits à la longue par le conflit de l’enveloppe fluide de notre planète et de son écorce solide, soit aux endroits où les eaux coulent sur le sol en nappes d’une certaine épaisseur et tendent à se faire assez rapidement, quand elles ne le trouvent pas tout formé, un lit d’une résistance proportionnée à leur vitesse, soit même aux autres points de la surface du globe, où leur action modifie également sa forme, quoique plus lentement et par intermittences, en se combinant avec celles de l’air, de la pesanteur et des variations de la température. Par suite du travail incessant de tous ces agents, la surface de la terre s’est divisée presque partout en bassins d’une grande étendue, ou même en versants allongés, dont l’étude comprend celle de lignes remarquables appelées thalwegs, faîtes, lignes des déclivités maxima ou minima, jouissant de propriétés géométriques intéressantes.


Influence d’une courbure sensible de la surface libre. Circonstances que présentent l’établissement. IV. Les parties d’un cours d’eau où l’influence de la courbure des filets n’est pas négligeable par rapport à celle de leur inclinaison mutuelle, supposée petite, sont, on vient de le voir, assez nombreuses et assez importantes pour faire désirer une équation du mouvement permanent où on en tiendrait compte. Cette équation