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mémoire sur l’atlantide

Noire[1]. » Fontanier atteste le même aspect de terrain. « Pour arriver à Isnik (l’ancienne Nicée), nous avons côtoyé pendant un temps le lac de Sapandja et constamment traversé une immense forêt d’où l’on tire le bois de construction pour Constantinople. Cet endroit est fort marécageux et l’on est obligé de passer par une chaussée qui y est pratiquée… Le lac de Sapandja communique parfois avec la mer : il n’en est séparé que par une langue de terre assez étroite, et quand les temps sont pluvieux, le niveau s’élève et se déverse dans le golfe de Nicomédie[2]. »

Le pont Euxin, en s’ouvrant le Bosphore, remplit de ses eaux le bassin de la Propontide et s’écoula de là par l’Hellespont et par le golfe de Saros, l’ancien golfe Mêlas. Ce qui rend vraisemblable ce second écoulement, c’est l’inspection des lieux et la tradition du déluge de l’île de Samothrace, située vis-à-vis le golfe de Saros. Étant à la sortie des eaux qui s’écoulaient par un détroit resserré, elle a dû les voir s’élever à une hauteur considérable, détruire ses villes et inonder ses campagnes. Mais nous ne croyons pas, comme Diodore de Sicile, que ces eaux aient pu s’élever jusqu’aux plus hautes montagnes de cette île. Dans ces traditions antiques, l’on doit admettre le fait principal et laisser sa part à l’exagération si commune dans ces histoires populaires[3].

On ne sait si la rupture du Bosphore a été simultanée avec la rupture des Colonnes d’Hercule, ou si quelque espace de temps s’est écoulé entre l’une et l’autre. L’obscurité dont sont environnées ces deux grandes catastrophes, le manque absolu de documents contemporains ne nous permettront jamais de décider cette question. Cependant qu’il me soit permis de présenter une conjecture.

  1. Tome III, p. 131.
  2. Voyage en Orient, Turquie d’Asie, p. 324.
  3. Livre V, ch. 47.