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mémoire sur l’atlantide

monde. Les Chinois, au rapport de Cosmas Indicopleustes, parlent dans leurs annales de la destruction d’une grande île submergée autrefois vers les bornes de la terre. Les Péruviens ont conservé aussi la mémoire d’une race gigantesque et redoutée qui avait attiré sur elle, par ses crimes, le courroux des Dieux[1].

Les eaux, le feu réunirent leurs efforts pour anéantir notre malheureuse Atlantide. La partie occidentale, déjà bordée d’une ceinture de volcans, devint sans doute l’objet de leur fureur. Obéissant à cette force puissante et irrésistible que la terre renferme en son sein, ils entrouvrirent leurs cratères, et, de leurs flancs déchirés et brûlants, vomirent des torrents de lave, des pierres, des basaltes enflammés qui couvrirent de toutes parts ces contrées appelées auparavant, à si juste titre, Fortunées, et les changèrent en un affreux désert, en un chaos confus de trachites, de pierres ponces, de rochers entassés les uns sur les autres. À ces maux déjà si terribles se joignirent des tremblements de terre qui, bouleversant ce que les volcans avaient épargné, soulevant outre mesure les flots de l’Océan courroucé, submergèrent ce pays infortuné, et à la même place où fleurissaient ces heureuses régions si belles, si fertiles, si peuplées, s’étendit une immense mer dont les eaux pleines de limon et de vase, étaient, suivant les traditions anciennes, impraticables à la navigation[2]. Il n’est nullement invraisemblable que les tremblements de terre, joints aux éruptions volcaniques, aient produit de si terribles effets. Rappelons-nous le tremblement de terre qui renversa Lisbonne et dont les effets terribles se firent sentir si loin, celui de 1783 qui anéantit Messine et bouleversa la Calabre, et celui qui, en 1663, causa de si terribles ravages au

  1. Garcilasso : Hist. du Pérou, liv. IX, ch. 8.
  2. Platon, Aristote.