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mémoire sur l’atlantide.

se montrent en abondance entre le vingt-troisième et le trente-troisième parallèles, et l’on sait fort bien que cette plante marine ne peut croître et s’élever au dessus des eaux, que dans une mer peu profonde. Du côté des Açores, à trente lieues au loin de Madère et de Porto-Santo, sont des vigies et des roches sous l’eau. Entre Madère et les Canaries, se voient sur une même ligne les Îles Désertes, l’Île Sauvage et sa chaîne de rochers qui semble lier ces deux groupes et en faire un seul et même système ; et entre les Canaries et les îles du Cap-Vert, les eaux de l’Océan disparaissent sous une couche épaisse et merveilleuse de varec et de goëmon qui, s’étendant au loin et remplissant presque tout l’espace entre les deux Archipels, couvre une superficie immense de soixante mille lieues carrées.

Cette partie de l’Océan présentait déjà le même aspect dès les temps les plus reculés. Aristote[1] en fait mention, et le Périple de Sylax[2] s’exprime ainsi : « La mer au-delà de Cerné (la petite île Fédal sur la côte du Maroc), n’est plus navigable à cause de son peu de profondeur, des marécages et des varecs. » Si l’autorité de Sylax méritait une entière confiance, ce que je n’oserais assurer, ne pourrait-on pas induire de ce passage que les débris de l’Atlantide, plus nombreux alors que maintenant, et s’élevant presque à la surface de la mer, devaient procurer ces bas-fonds, ces eaux vaseuses, et ces plantes dont parle le Périple, mais que la suite des siècles, les commotions violentes et volcaniques dont ces mers ont été si souvent le théâtre, les courants dont la force est si grande dans ces parages, ont emporté ces débris pièce à pièce et ont donné peu à peu à la mer cette profondeur qu’on y trouve maintenant ? Par là, serait confirmée la vérité de la fin du

  1. De Mirabilibus, p. 1157.
  2. Ed. de Gronovius, p. 126.