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entre sévère et albin.

et ne donne aucune autre preuve de son opinion que le nom de Montribloud, château situé sur le plateau en question, qu’il fait venir de Mons terribilis, et celui de Dombes qu’il fait venir des tombes ou élévations de terre formées sur les corps des victimes de cette bataille[1]. Mais toutes ces preuves sont bien faibles et ne peuvent soutenir un seul instant le coup-d’œil de la critique. Il est vrai que Montribloud est appelé dans les anciens actes Mons terribilis : il est vrai qu’on a déterré dans ses environs des armes, des casques, des ossements. Mais d’abord, remarquons que souvent, dans le moyen-âge, c’était le nom latin qui était formé sur le nom français, et non pas le nom français qui était formé du nom latin. Nous en avons beaucoup d’exemples. Dans le moyen-âge, il y avait deux langues : la langue des contrats et des actes, qui était la langue latine, et la langue vulgaire. Or, dans les actes, on latinisait les noms francs ou celtiques des lieux et des personnes, et quand il y avait quelque analogie de sons, on leur donnait des noms qui n’avaient aucune ressemblance pour le sens avec le nom vulgaire. De là cette variété de noms latins chez les auteurs du moyen-âge pour exprimer le nom d’une même ville. Ainsi, Trévoux est désigné en latin de sept manières différentes : Trevocum, Trevorcium, Trivorium, Trivosium, Trevolcium, Trivurcium et Trivulcium[2]. Ce nom de Montribloud a, pour ses deux dernières syllabes, une origine évidemment celtique. La syllabe ribbl ou rib se trouve dans les noms de plusieurs lieux anciens de la France et de l’Angleterre, et en particulier dans celui d’une rivière du comté de Lancastre, la Ribble. Cette alliance, dans le même nom, de deux mots dérivés de langues différentes, ne doit pas étonner : elle se trouve dans plusieurs noms. Mont-

  1. Histoire consulaire de Lyon. Livre I, nombre 61, p. 130 et 136.
  2. Notice sur les monnaies de Trévoux et de Dombes, par M. Mantellier, avocat-général à Colmar. Paris, 1844.